jeudi 19 février 2009

Extraits de presse

1. "Boomerang", comme la vague irrésolue

De Marie Baudet dans La Libre Belgique. Mis en ligne le 10/02/2009

Au TTO, Delphine Ysaye et Alexis Goslain dans un comique trip gainsbourien. C’est un puzzle assaisonné à la poudre d’escampette que propose à la Toison d’or le tandem d’auteurs-acteurs. Créé au printemps 2007 à l’Arrière-Scène puis brièvement repris au Théâtre Jardin Passion à Namur, "Boomerang" a désormais l’aisance de l’œuvre accomplie sans perdre la fraîcheur d’un projet né comme un défi. Des chansons de Gainsbourg comme inspiration, "Bonnie and Clyde" en toile de fond : Delphine Ysaye et Alexis Goslain tenaient leur idée - une virée, à l’issue forcément fatale, comme les histoires d’amour, en général (air connu). Sans éviter les clichés dans les dialogues et la construction - il descend vers le Sud, elle fait du stop, il tente quelques calembours, elle le remballe, il et elle trimballent des secrets, ils finissent par se plaire -, l’écriture scénique est néanmoins astucieuse qui use avec adresse du flash-back comme du fast forward, du raccourci et du détour, de l’ellipse. Tant et si bien que, sans s’agiter outre mesure et dans un décor fait de peu (deux chaises en plastique, qui font une voiture crédible, une table, un lit de fer, un revolver), le duo donne une sensation d’action presque haletante. Sinon un pur suspense, du moins un vrai trip parmi les classiques du genre : braquage, bagarre et baisers compris. Et sans non plus chercher à rendre tout limpide : c’est ici une qualité. Et Gainsbourg, dans tout ça ? Sa place dans "Boomerang", honorable, ne devient jamais envahissante : c’était le danger, les histoires du /fumeur de havanes/ sont si fortes, si ancrées dans le répertoire de chacun que - même si on les réentend avec joie - elles risquent de prendre l’ascendant. Or ce n’est pas le cas. Voire : Nicolas Vandooren, qui signe le décor sonore, a opté pour des versions peu courantes, des bribes, des découpages, quelques mesures qui suggèrent. Reste le bel élan de liberté qui court entre les lignes de l’auteur de "L’Anamour", et qu’ont eu à cœur de s’approprier les comédiens auteurs et joliment complices, mis en scène par un autre comparse, Patrice Mincke. Et si, comme on s’y attend, les bons mots font mouche auprès d’un public friand de divertissement, ils n’éclipsent en rien l’autre versant de l’écriture : une dramaturgie rudement efficace, portée par une généreuse énergie. Bruxelles, Théâtre de la Toison d’or, jusqu’au 21 février à 20h30. Durée : 1h20 env. De 10 à 21 €. Tél. 02.510.0.510, Web www.ttotheatre.be On notera qu’Alexis Goslain est également le metteur en scène du prochain spectacle du TTO : "Texto" (en mars). Quant à Patrice Mincke, il s’apprête à créer, aux Galeries, une nouvelle version d’"1 table pour 6" d’Alan Ayckbourn, dans l’adaptation de Gérard Lauzier (du 11 février au 8 mars).

2. Elle l'aime et lui non

De Laurent Ancion dans Le Soir du 20/04/2007

N'hésitez pas à écouter un bon vieux Gainsbourg en lisant ces lignes : ça vous mettra dans l'ambiance. Pour leur première pièce écrite à deux mains, les jeunes comédiens Delphine Ysaye et Alexis Goslain ont plongé dans les chansons du grand Serge. BoomeranG, dévoilé mercredi à l'Arrière-Scène, à Bruxelles, s'inspire principalement de " Bonnie and Clyde ". C'est l'histoire d'une cavale amoureuse, sur fond d'intrigue policière : une sorte de road movie théâtral, joué avec deux bouts de ficelle et une bonne rafale de talent.


Ouverte en 2005, dans un ancien atelier de peintre, l'Arrière-Scène est un lieu à géométrie variable. Cette fois, installé dans un coin, le minuscule espace de jeu sera autoroute, église ou station-service. Miracle du théâtre : on y croit.

Le puzzle du temps

Tout commence par la fin. Béatrice (Delphine Ysaye), sur un lit de fortune, végète en prison, seule, loin de son bébé. L'intrigue est lancée : comment en est-elle arrivée là ? BoomeranG (où le dynamique G final fait sans doute référence à Gainsbourg) va nous raconter la cavale à rebrousse-poil. Le principe du flash-back se mêle parfois avec des avancées temporelles et des répétitions. Cette structure est connue depuis Harold Pinter ou Quentin Tarantino, mais elle est toujours accrocheuse. A cet égard, les quinze scènes de ce premier essai suivent un bon rythme.

L'histoire en elle-même n'évite pas les clichés, et les dialogues non plus. Paul, descendant vers le Sud, prend Béatrice en stop. Tous deux ont de gros secrets bien verrouillés. Il est sympa, elle est agressive. Leur combat de chien et chat débouchera sur un baiser, puis sur une idylle qui finira mal, comme les chansons de Gainsbourg en général.

La mise en scène de Patrice Mincke s'arrange de ce récit assez échevelé. Dressé, le lit devient une palissade derrière laquelle se planquer, flingue au poing. Deux chaises valent pour la voiture, etc. Delphine Ysaye et Alexis Goslain déploient un jeu réaliste, intégrant une forme de dérision qui reste à contrôler.


Les raccords musicaux et lumineux entre les saynètes donnent sa fermeté au spectacle. Une bande-son énergique revisite le répertoire de Gainsbourg, au diapason de l'histoire. Parfois maladroit, ce BoomeranG n'atteint pas toujours sa cible, mais il ne se départit jamais d'un humour et d'une bonne dose de virilité narrative.

3. BoomeranG

De Muriel Hublet dans Plaisir d'Offrir. Avril 2007


Un homme et une femme, sorte de Bonnie and Clyde des temps modernes, vivent une année parenthèse, un an d’amour, de cavale sur fond de Serge Gainsbourg.
Présenter ainsi ce spectacle est très réducteur.
Delphine Ysaye et Alexis Goslain nous ont concoctés et nous jouent un texte plaisant, bourré d’humour et en même temps tendre et attachant.

Une relation quasi impossible entre deux paumés que l’on pourrait décrire ainsi : (même si ce n’est pas du grand Serge)
… Ils se sont trouvés au bord du chemin
Sur l'autoroute des vacances
C'était sans doute un jour de chance
Ils avaient le ciel à portée de main… (Paroles: Pierre Delanoë)

Nos deux compères vont nous évoquer cette rencontre, cette première fois, parler de doutes, de crises, d’amour, de rupture, de rabibochages. Des évènements que tous nous connaissons pertinemment bien, mais qu’ils pimentent de réflexions pertinentes pour leur donner un côté drôle et léger, derrière le fond parfois dramatique de la situation.
Ils font naviguer leurs héros dans un univers de provocation, de sauvagerie, entre cynisme et violence, entre poésie et besoin vital d’aimer et d’être aimé en retour.

En toile de fond pour séparer les différents moments du récit, Gainsbourg est omniprésent et souligne, par ses chansons, cette impression de voir devant nous une peinture d’un monde qu’on voudrait croire imaginaire, mais qui est simplement un triste reflet de notre quotidien décadent.

Patrick Mincke signe une mise en scène intelligente qui réussit à nous faire voyager avec nos deux dévoreurs de kilomètres en cavale. De la station essence au pique-nique sur le parking d’autoroute, de la petite église à la butte d’une maison soigneusement gardée, de la prison à la voiture, sans rien ou presque comme accessoire, ils nous emportent à un rythme endiablé de braquages en baisers, de querelles en câlins. Il nous offre ainsi un rendu d’atmosphère, des impressions, des ambiances, mieux que mille mots et des tonnes de décors et d’images. Il n’y serait pas arrivé dans la collaboration des deux comédiens-auteurs qui mettent dans leur jeu fougue et ardeur. Leurs mots sonnent juste et on sent nettement la double écriture.
Chacun a profité de son texte pour glisser ses considérations sur l’autre sexe.
De la leçon de conduite offerte à Madame aux réflexions sur le comportement machiste des hommes, de la manière de draguer à celle de mater, tout y passe par le rire et l’humour. Une manière de dédramatiser ce road movie policier et de lui donner des airs de comédie romantique.

Nous avons vu ce spectacle le soir de la première et donc d’un double challenge pour Delphine Ysaye et Alexis Goslain. S’ils ont eu un peu de mal à faire démarrer et bien percevoir leurs personnages pendant les premières minutes, gageons que ce trac sera vite oublié, et ne se répétera plus, grâce aux applaudissements nourris dont ils ont été gratifiés.

BoomeranG est un mélange détonnant, étonnant, pétillant, un petit vent de fraîcheur agréablement décoiffant.

4. L’artiste, la taule et le truand

De Chloé Andries dans Le Soir du 29/01/2007

Théâtre

Après la prison de Jamioulx, ils joueront à la Toison d’Or

Un road-movie à la Bonnie & Clyde s’invite en prison, ce jeudi. Les comédiens veulent provoquer des rencontres.

Quand elle a traversé les couloirs de la prison, la première fois, Delphine a paniqué. « Ça paraît idiot comme ça, alors que c’est nous qui avions demandé à pouvoir jouer devant des détenus », sourit la comédienne. Oui mais voilà. Ces murs « oppressants », ces « têtes bizarres », l’idée de se retrouver ici, seule femme confrontée à quarante gars peu recommandables : tout ça lui a fait remettre son projet en question.

C’était en novembre dernier, à la prison de Jamioulx. Celle-là même où elle revient, ce jeudi, pour une nouvelle représentation. Delphine Ysaye et Alexis Goslain, auteurs et comédiens de la pièce « BoomeranG », un polar à la Bonnie & Clyde sur des airs de Gainsbourg, avaient alors réussi à pousser les portes de l’univers carcéral. « Depuis toujours, nous voulions allier théâtre et social, parce que l’artiste ne doit pas servir simplement à divertir les gens. »

Alors, après la panique, Delphine s’est jetée à l’eau. Sur une scène improvisée, quasi sans décor ni lumière. « Je devais y aller avec les tripes, parce que ce public n’est ni poli ni bourgeois. Et c’est un moment d’humanité indescriptible qui s’est produit . Ils commentaient, blaguaient. Un vrai échange. »

Juste après, les deux mondes ont discuté. Selon l’artiste, les prisonniers étaient touchés de voir un vrai spectacle ici, et pas juste une pièce « faite » pour des détenus. Depuis, un gaillard de trente ans, qui a écopé de 17 ans au trou, leur a écrit. Plusieurs fois. Et a accepté de témoigner de son histoire. Une première victoire pour la compagnie, qui compte sur la rencontre de ce jeudi pour resserrer les liens et réaliser son rêve : « Recevoir leurs écrits, pour en faire un spectacle. »

Du 5 au 21 février, au Théâtre de la Toison d’Or, Galeries de la Toison d’Or, 396·398, Bruxelles. Tél. : 02/510.05.10.

5. "Boomerang": un couple en cavale à Jamioulx

De A. Schiffmann, H. Decaluwe, X. Van Oppens sur RTBF.be/info Mis en ligne le 05/02/2009

Deux auteurs-comédiens belges ont poussé les portes de la prison de Jamioulx. Ils y ont présenté leur pièce devant une trentaine de détenus. Son titre : "Boomerang".

S’inspirant des aventures de "Bonnie & Clyde", ce road movie contemporain – écrit par Delphine Ysaye et Alexis Goslain, deux jeunes comédiens belges – s’est invité à Jamioulx, jeudi passé, le temps d’une représentation. L’occasion pour quelques détenus de rompre avec la monotonie carcérale.

"C’est vrai qu’en détention, hormis la télévision, les détenus n’ont pas beaucoup de possibilités d’avoir des activités culturelles", Christine Olieuzi, directrice de l’établissement pénitencier.

Pourtant, l’expérience n’est pas une première à Jamioulx. "Fin 2008, une représentation a eu lieu dans le cadre d’une activité organisée par le conseiller moral attaché à la prison". Un spectacle qui avait séduit les détenus, au point que ceux-ci demandent à la direction de continuer leur démarche.

Une démarche qui ne tient d’ailleurs pas du simple divertissement pour prisonniers modèles. Que du contraire. "Introduire la culture dans l’enceinte est primordial", selon la directrice. "Il faut que la population carcérale reste en contact avec la Culture". Résultat : on renouvelle l’expérience avec, cette fois-ci, le tout nouveau spectacle du Théâtre de la Toison d’Or, intitulé "Boomerang".

Et malgré les quelques précautions d’usage (certains accessoires supprimés ou remplacés), une scène simplifiée et une audience plutôt "inhabituelle" – dirons-nous –, le spectacle a fait mouche. D’autant qu’au menu, on retrouve un savant mélange : bagarres, braquages et baisers. Le tout sur fond de Gainsbourg. Il fallait oser. Ils l’ont fait.

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